Les Écrits Vains

n'existent pas

Les chants de l'impensable

Christophe Stabile

 

Voix Laurent Vigier

Composition et arrangements Les Ecrits Vains

Ô crâne squelettique, austère parchemin,
Spleen incommensurable (au détour du Chemin),
Vous avez donc pour moi - le malheureux poète -
Un projet moins serein que les clous du prophète !...

Je n’ai plus d’habit neuf : je n’ai que des haillons...
Quand mes plumes de paon devinrent des crayons,
Je restai seul, ailleurs, à contempler l’Espace,
A planer sur le Temps tel un léger rapace...

Petit, on m’avait dit : « Tu n’auras pas de jouet ! »
- J’avais le dos marqué par tant de coups de fouet !...
Pour oublier cela, je m’assis sur le sable,
Cherchant à m’imprégner des chants de l’Impensable...

Je restais assis, là : je contemplais le Temps...
Voyant s’entrechoquer les hivers, les printemps,
Je perdais la notion des choses matérielles,
La singularité des amours plurielles...

Je pleurais de la pluie, insultais le soleil,
Engrangeais des vins vieux dans mon cerveau vermeil !...
De mon plus fin pinceau, dont la mine est si noire,
Je dessinais un lac au creux d’une baignoire...

Au creux d’une baignoire... Il me semblait rêver !...
Rêver d’un entonnoir où l’on irait crever !
La lame du rasoir avait fait une entaille,
Et la Mort s’écoulait à travers cette faille !...

Dans le velours carmin de mon sang répandu,
J’aurais dit, paraît-il : « Je m’en suis défendu... »,
Et je m’en suis allé, dans un halo de nimbes,
Terminer mon séjour sous la voûte des limbes...

 

Christophe Stabile
extrait du recueil "Au plus près de l'horizon"